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Mélusine au pays des merveilles

On a tous une opinion sur tout. Le fait de ne rien y connaître ne m’empêche pas d'en avoir une. Comme dit Oscar Wilde, j'adore parler de rien, c'est le seul domaine où j'ai de vagues connaissances. Bienvenue dans mon néant des merveilles.

L'hôpital, c'est génial.

J'avais dit que je ne voulais pas le faire. Et je ne vais pas le faire complètement.

Mon accouchement, je ne vais pas te le raconter ici (pour les raisons expliquées >>là<<). Mais par contre, les suites de cet accouchement, finalement, je vais t'en parler. Enfin surtout, de l'encadrement des suites. Je ne sais pas si je suis bien claire.

Pourquoi ? 

Tu verras. (Ne sois pas si pressé).

Je te préviens, ça risque d'être un peu long.

J'ai eu de la chance pour mon accouchement, je suis tombée sur des sages-femmes formidables.

A l'hôpital où j'étais, les équipes tournent toutes les 48 heures. Du jeudi au samedi, j'accouchais. Samedi & dimanche, l'équipe ne m'a pas fait forte impression. Je pense que les nuits blanches, les hormones, et (surtout) la morphine y sont pour beaucoup.

Lundi, nouvelle semaine, j'ai accouché depuis à peine 48 heures, et une nouvelle équipe arrive.

J'ai passé la nuit seule avec Crapouillette, et ai vécu mon premier échec en tant que maman en la confiant à la nurserie une heure, pour pouvoir dormir comme Amoureux n'est pas là, à une femme très gentille qui m'a proposé de la bercer en continu pour l'endormir. La chronologie des faits m'échappe un peu par la suite, donc je vais te livrer pèle-mêle comme je m'en rappelle ce qui s'est passé.

Le lundi matin, mon interne chirurgien qui m'a ouvert le bidou (j'ai eu une césarienne) est passé me voir. Je lui ai demandé si j'étais obligé de rester 4 jours à l'hôpital au lieu de trois (je rappelle que j'y suis depuis le jeudi, je commence à trouver le temps long.) Il m'explique pas peu fier que ma cicatrice est magnifique (j'te jure) et que je cicatrice merveilleusement bien (c'est la première fois qu'une opération se passe bien pour moi, ça m'a ému j'te dis pas) et que si les pédiatres sont ok pour Crapouillette, je peux me barrer dès le lendemain. (Joie dans mon coeur quel bonheur.)

Au final je ne partirai que mercredi de l'hôpital. (Un coup je ne veux pas te raconter la fin, ensuite je zappe des étapes. Aucune cohérence cette nana.)

Pourquoi ? (Cette fois je vais te répondre.)

Parce que les équipes (de jour et de nuit) du lundi & mardi sur lesquelles je suis tombée ont été infectes avec moi.

Je ne dis pas qu'elles l'étaient, parce que ma copine Chouquette a eu une de ces équipes quand elle a accouché trois semaines après moi, et avec elle, les soignants ont été choupinoux (oui, choupinou prend un X au pluriel, comme hibou, genou, caillou, joujou.)

Mais avec moi... L'auxiliaire puéricultrice de jour (qui s'est présenté comme une puéricultrice, ce qui n'a rien à voir) qui se trouve être une figure importante dans ces moments-là car c'est elle qui te dit comment prendre soin de ton bébé (comment lui donner le bain, comment gérer les pleurs, et j'en passe) a été la reine des vilaines. (Oui, j'attendris mon langage, je m'habitue, rapport à Crapouillette.)

Je te disais donc je te livre les choses pèle-mêle : 

  • Quand elle entrait dans la chambre, c'était pour vérifier et pointer du doigt ce qu'Amoureux & moi faisions mal, et en nous expliquant que nous ne savions pas faire.
  • Elle m'a expliqué que ma façon de bercer mon bébé allait lui démonter le cerveau, je n'ai qu'à me renseigner sur les bébés secoués, Si tu ne berces pas ton enfant uniquement de façon horizontale, tu es un monstre.
  • Elle me reprochait ma façon de donner le biberon à ma fille, qui réclamait toutes les deux heures. Un bébé qui prend le biberon doit boire toutes les 3 ou 4 heures, sinon c'est relou pour les parents, donc je dois la forcer à attendre. (J'ai personnellement déjà du mal à devoir patienter une heure pour passer à table, je n'allais pas demander à une nouvelle née de le faire.) (Une sage-femme m'a dit plus tard que j'avais un bébé autonome qui gérait bien son alimentation, et que je devais lui donner à manger quand elle voulait comme elle voulait. Voilà.)
  • Lorsque j'ai expliqué avoir l'aval du chirurgien pour sortir, elle s'est outrée : on ne sort pas trois jours après une césarienne. De toute façon on est pas sûre que ma fille puisse sortir (les bébés perdent du poids après la naissance, ils sont censés en reprendre avant de sortir de l'hôpital.) Il ne faut pas que je me fasse de fausses joies, sinon je vais déprimer. Je lui ai expliqué que c'est de rester ici qui me ferait déprimer, alors que je vais étonnamment bien. Ce à quoi elle a rétorqué : "vous allez craquer à un moment. Il le faut. Faites le maintenant." (Elle aurait eu une batte de baseball, elle m'aurait certainement tapé avec pour être sûre que je pleure.)
  • Elle s'est agacée lorsqu'après un bain, Crapouillette pleurait (elle avait faim), mais il fallait la peser (donc attendre, mais ça tombait bien, ça ne faisait pas trois heures). Crapouillette a fait pipi sur la vilaine (j'aime ma fille) qui du coup s'est énervée encore plus. (Comment peut-on s'agacer à cause d'un enfant de deux jours ?)

Suite à cet épisode, l'équipe de nuit s'est pointée dans ma chambre pour se présenter aux alentours de 22h30 (un peu tard pour des présentations non ?) et a commencé à me poser différentes questions rapport "à la colère de l'après midi faites par le bébé" pas du tout angoissantes pour une jeune maman :

  • Ma fille a-t-elle des pleurs inhabituels ? (Elle a deux jours, qu'appelles-tu inhabituels ?)
  • Sa voix monte-t-elle dans les aigus ? (Si mon bébé a la voix de Barry White, je m'inquiète. Les aigus, ça ne me panique pas vraiment.)
  • Hurle-t-elle sans raison ? (A ce stade, il est difficile de savoir pourquoi son bébé pleure, parce que tu ne le connais pas. Donc je ne sais pas.)

Bref, après 5 minutes de cet interrogatoire, je demande pourquoi (au moins trois fois avant d'avoir une réponse.) On m'explique qu'à je ne sais plus quel score, elle n'a que 1 sur 8 mais il faut vérifier qu'elle va bien. Lorsque je demande plus de détails, on m'explique que c'est par rapport au manque de nicotine. Je n'ai pas fumé une seule clope durant ma grossesse. On me rétorque que je fumais le premier mois, et que pour les gros fumeurs, le corps met des mois à éliminer la nicotine, et qu'il vaut mieux arrêter avant d'être enceinte (hey salut culpabilisation, entre fais toi plaisir.) N'étant pas une grosse fumeuse avant, je m'étonne.

Néanmoins, j'ai passé la nuit à flipper. Crapouillette, étant une éponge émotionnelle, a donc logiquement passé la nuit à hurler. Plus elle hurlait, plus je flippais. Plus je flippais, plus elle hurlait (tu sens le bonheur dans ma vie ?)

Vers 4 heures du matin, alors que je tournais en rond en continu depuis la visite des connasses soignantes en berçant Crapouillette pour la garder endormie (si je la posais, ou si je m'asseyais, elle se réveillait en hurlant parce qu'en fait à ce stade elle avait du mal à respirer), pas du tout fatiguée ni douloureuse (j'ai tout de même dix agrafes qui me ferment le bidou à ce moment-là), dans une chambre à 3o degrés, j'ai glissé.

A force de marcher pieds nus, j'ai transpiré, et j'ai glissé, avec ma fille dans les bras, je me suis retrouvée au sol, à la cramponner contre moi. Le bras qui la tenait à taper par terre. Après un moment d'état de choc, j'appuie sur la sonnette. Après 5 minutes d'attentes interminables, l'auxiliaire qui m'accusait d'avoir intoxiqué ma fille à la nicotine rentre. Je lui explique. Elle me jauge silencieusement, alors que je me mets à pleurer. Puis : 

-Vous l'avez fait tombé ?

Regard ahuri de ma part. Je répète mon histoire :

-Non, je suis tombée, avec elle dans mes bras. Mais mon bras a tapé le sol, et elle était dedans.
-Vous l'avez fait tombé en vrai ? Il faut me le dire. Une dame l'autre nuit a mis une demi-heure à nous dire qu'elle l'avait fait tomber. 

Regard encore plus ahuri, en larmes :

-Pourquoi je mentirais ?
-Elle a touché le sol ?
-Non mais mon bras qui la tenait oui !
-Bon, si elle n'a pas touché le sol, on ne va pas déranger le pédiatre pour rien. Vous êtes entourée à la maison ou vous êtes seule ? Non parce qu'il ne faut pas se mettre dans des états pareils.

A ce moment-là, j'ai vraisemblablement eu l'impression d'être passé dans une dimension parallèle. Il faut savoir que la fatigue et la douleur ont tendance à m'ôter toute hargne et à faire de moi un petit être fragile qu'il faut protéger. J'explique gentiment donc (plutôt que de lui sauter à la gorge) qu'à la maison, Amoureux est là, présent, et que c'est pour ça qu'il faut que je rentre vite chez moi, pour qu'il puisse m'aider la nuit.

Conclusion, j'ai appelé Amoureux en pleurs pour qu'il se pointe à 5 heures du matin parce que, je m'auto-cite : "Elles ont été méchantes avec moi".

Au petit matin, l'équipe de jour se ramène. Aucune pédiatre n'examinera ma fille avant 1o heures du matin (qui, encore heureux, va très bien), et personne ne m'examinera avant midi (et j'ai du réclamer pour que les agrafes soient vérifiées, la sage-femme voulait seulement regarder si le pansement n'avait pas bougé.)

Ma sortie de ce jour sera refusée, car ma fille n'a pas repris assez de poids (3.520 kg au lieu de 3.6 kg, c'est du foutage de gueule.) Et pour couronner le tout, la reine des vilaines aura été voir le chirurgien au dessus de l'interne qui m'a opéré (qui ne m'a jamais vu), qui lui aussi refusera ma sortie car "on ne sort pas au bout de trois jours, c'est comme ça." Merci bien. Ma réaction fût humide. (Comprends que j'ai encore pleuré, pas autre chose.) On ne se rend pas compte comme c'est long 24 heures à l'hôpital. Une psy passera ma voir pour me donner sa carte.

On me catalogue : "baby blues."

Et oui, les hormones ont dût partiellement jouer.

Mais faites vivre à n'importe quelle personnes 40 heures de travail, une césarienne, des nuits blanches, autant de reproches, et le stress de la chute, dites lui que la nuit suivante en plus elle va rester avec des gens qu'elle déteste et qu'elle risque de ne pas dormir parce qu'elle sera de nouveau seul avec un nouveau né qui pleure, et je la mets au défi de ne pas craquer et pleurer pour rien.

La pédiatre nous expliquera également que durant le premier mois, nous ne devons pas sortir du tout avec la petite. (Rester enfermé, quelle brillante idée !) Elle nous fera une ordonnance pour que nous nous fassions vacciner contre la coqueluche. L'équipe du mardi refusera de me faire une ordonnance pour que l'infirmière à domicile me fasse ce vaccin. L'équipe du mercredi me la fera sans soucis.

La reine des vilaines m'engueulera lorsque j'essaierai d'aérer, car ma fille va attraper la mort. (Aérer c'est bon pour tout, limiter les maladies, diminuer les risques de mort subite du nourrisson, et j'en passe.) Elle me précisera que si le bébé est bleu, c'est qu'il a froid. (Sérieusement ?)

Elle se moquera d'Amoureux, car "les papas ne sont bien doués pour donner le bain" (tellement pas que c'est toujours lui qui le donne). Elle le reprendra sur absolument tout, jusqu'à sa façon de mettre du sérum phy sur une compresse.

Bref, le mercredi, j'ai enfin pu sortir.

Mon baby blues s'est arrêté comme par magie dès que l'on m'a donné le feu vert pour rentrer. Une fois chez moi, même les nuits les plus difficiles, même si Amoureux ne pouvait pas m'aider, je n'ai plus jamais pété un câble.

J'en ai pas mal parlé autour de moi, mais je ne voyais pas l'intérêt de me plaindre encore du système médicale. Surtout qu'entre les équipes de jour de nuit, j'ai au final été confronté à huit équipes tout au long de mon séjour. Deux sur huit de pourries, ce n'est pas formidable, mais pas catastrophique non plus.

Mais hier, j'ai reçu un coup de téléphone qui m'a fait changé d'avis. Hier, Crapouillette avait un mois tout pile. Et hier, j'ai reçu un coup de fil d'une puéricultrice (une vraie cette fois.)

Rien de fifou, me diras-tu, et tu auras tord.

En fait, quand tu accouches, tu reçois un courrier t'annonçant qu'une puéricultrice va venir chez toi. Avec Amoureux, on a annulé ce rendez-vous en sortant de la maternité : entre les visites quotidiennes de l'infirmière, la sage-femme qui devait venir à la maison, on n'avait pas envie du tout qu'une inconnue supplémentaire pénètre notre intimité. En plus, une amie à ma maman est puéricultrice, et se trouve d'une gentillesse rare, car depuis la naissance de Crapouillette elle répond à toutes mes questions de jour comme de nuit.

Bref, hier, cette puéricultrice m'a rappelé.

-Bonjour, vous n'aviez pas voulu que je vienne. Je me permets de vous rappeler suite au compte-rendu de l'hôpital. Apparemment vous avez des tendances dépressives, vous êtes une patiente à surveiller. Je voulais savoir si vous vous en sortiez avec votre bébé, et si vous étiez suffisamment entourée. 

Voilà. J'ai passé cinq minutes au téléphone beaucoup trop enjouée pour être naturelle, à la convaincre que non, je ne vais pas m'effondrer, et oui, je m'occupe aussi bien que possible de Crapouillette. Comme si j'étais la première maman à pleurer à la maternité...

On notera le fait que si j'avais réellement été dépressive, attendre un mois pour s'inquiéter que je n'ai pas tué mon bébé est un peu long.

Et on remerciera cette équipe fabuleuse, qui en plus de m'avoir pourri les premiers jours avec ma fille, me font passer pour une suicidaire qui va tuer son bébé.

Si par hasard j'en refais un, j'accouche à la maison, je vous préviens.

 


Sur le sujet, je te renvoie à l'excellente Emma dont je t'ai déjà parlé. >>> ICI <<< Le sujet du baby blues y est abordé d'un angle différent, et plus que pertinent. En plus, les BD, c'est chouette.

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