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Mélusine au pays des merveilles

On a tous une opinion sur tout. Le fait de ne rien y connaître ne m’empêche pas d'en avoir une. Comme dit Oscar Wilde, j'adore parler de rien, c'est le seul domaine où j'ai de vagues connaissances. Bienvenue dans mon néant des merveilles.

Je râle mais je survis.

J'ai toujours été une râleuse.

Je présume que ça peut être parfois un tout petit peu chiant pour mon entourage.

Juste un peu.

Non parce qu'à part ça, au quotidien, je ne suis pas si difficile à vivre, et le fait de râler y est pour beaucoup, c'est un genre de thérapie.

Attention, il faut bien distinguer se plaindre, et râler. Personnellement, je râle en permanence, mais ne me plains pas. Je n'ai pas ce truc de geindre pour rien, et je n'ai pas besoin que les autres s'arrêtent sur ce que je raconte en se disant "pauvre chérie".

J'ai donc toujours été une râleuse. Mais depuis que je suis enceinte, c'est pire. Et depuis que je suis enceinte, je me suis mise à geindre. 

Il m'arrive parfois même de geindre parce que je me plains trop. C'est épuisant.

Si le fait de râler est libérateur, le fait de geindre l'est uniquement si ton interlocuteur empathie à mort avec ce que tu racontes. Sinon, tu deviens une pauvre chose misérable qu'on a envie d'achever à coup de talon.

J'aime râler. Et j'aime aussi relativiser.

Parce que oui, ok, ça fait six mois que je gerbe quotidiennement, à plusieurs reprises, que les vaisseaux de mon visage et de mes yeux explosent, que mes ganglions enflent à crever à chaque fois m'offrant au passage un triple menton pendant deux heures, que j'ai une sciatique qui m'empêche de me mouvoir comme je le souhaite, que je me lève 5 fois pour faire pipi par nuit, que je choppe des cystites de façon hebdomadaire, que j'ai des coups de fatigue insensés qui me font taper des heures de sieste, que je fais de la rétention d'eau, que je suis à fleur de peau, que j'ai des bouffées de chaleur (et à 35 degrés, c'est le pied), que j'ai de l'acné pire qu'à 15 ans (tu le savais toi que ça pouvait s'étendre ailleurs qu'au visage ? Moi pas.), de l'eczéma qu'il est conseillé de ne pas traiter, de la cellulite puissance 1ooo, des remontées acides qui me laissent à penser que le Mordor en fait, c'est au fond de mon estomac, des douleurs dans le ventre, le bassin, le dos, la poitrine, les bras (comment une grossesse peut faire mal au bras ?), les chevilles, que mon ventre a dépassé le mètre de circonférence, et que à chaque fois que j'ai un nouveau symptôme, Google m'explique que "il peut parfois arriver de ressentir cet effet à X semaines", et qu'en fait, j'ai presque tous les symptômes qui existent.

Mais comme je suis une réelle psychopathe, je ronchonne toute la journée, mais reste heureuse. Ce bébé, je le voulais, et je suis contente de l'avoir dans le ventre. En plus, avec mon système immunitaire merdique, j'ai l'habitude d'avoir toujours un pet de travers. La seule nouveauté, c'est que je cumule.

Alors je râle, tant pis si ça enquiquine certaines personnes, j'estime en relisant cette liste que j'ai bien le droit de ronchonner un tantinet plus que d'habitude.

 

Sauf que cette semaine, j'ai failli mourir.

Et là va donc arriver le moment où je geins sur mon pauvre sort.

Cette semaine, j'ai été obligée d'aller chez le dentiste.

Et si tu n'as pas lu ces articles où je parle que les médecins veulent ma mort, tu ne peux concevoir le ton dramatique de cette phrase.

Parce que les dentistes sont mes ennemis.

Tout à commencer il y a une dizaine de jours, lorsque j'ai senti qu'un petit trou s'était formé à l'intérieur d'une de mes dents. 

On peut aussi remonter plus loin, lorsqu'un dentiste m'a arraché les dents de sagesse et a failli me tuer, puis qu'un autre dentiste a du m'arracher une molaire et qu'à cause de ces sadiques de la fac dentaire, l'anesthésie n'a pas fonctionné, et que depuis je suis un tout petit peu traumatisée et que j'évite à tout prix d'aller chez un dentiste (sachant qu'un détartrage me laisse en pleurs. Je suis persuadée que mon corps, ayant trop souffert par le passé dans cette zone là, amplifie la douleur comme un signal d'alarme.)

Je sais ce que tu te dis, la même chose que mon entourage, c'est en y allant régulièrement qu'on évite les gros soins douloureux.

Alors promis, à l'avenir je vais essayer, mais jusque là, c'était plus fort que moi.

Après donc avoir senti ce léger trou, j'ai paniqué. Je me suis dit qu'il fallait prendre rendez-vous AVANT que ça devienne douloureux (comme quoi, on apprend un peu de ses erreurs. Juste un peu.)

Mais comme ça ne me faisait pas mal, j'ai oublié. (Juste un peu j'ai dit.)

Et samedi dernier, évidemment, j'ai commencé à douiller. J'étais au taf et là j'ai senti que ça me lançait. Le truc cool en plus, quand t'es enceinte et que t'as mal aux dents, c'est que t'as seulement le droit au paracétamol, à petite dose. Et comme mon Facebook est trop sympa, c'est le moment qu'il a choisi pour me balancer sans que je lui demande rien des articles expliquant que l'abus de paracétamol pourrait bien être dangereux pour la grossesse (tu sens la joie de vivre là ?)

Les urgences dentaires étant débordées, elles n'en ont rien eu à foutre que je souffre. Naïve que je suis, je m'imaginais que les femmes enceintes étaient un genre de priorité. J'avais oublié que les mioches l'étaient encore plus.

J'ai donc du attendre mercredi, à sucer des glaçons pour anesthésier tout ça, prier pour que le fait de vomir ne me fasse pas pourrir encore plus les dents, et je suis arrivée chez ce monsieur que je ne connaissais pas, qui m'avait été conseillée par une amie.

Lorsque nous sommes rentré dans le cabinet (je dis nous parce qu'Amoureux était bien sûr avec moi, je n'allais sûrement pas affronter ça seule), mon corps s'est tendu rien qu'à l'odeur.

Tout mon être me criait "It's a trap !" (mon être est fan de Star Wars), mais je suis restée stoïque et je me suis gentiment assise là où la secrétaire me l'a indiqué. (Là c'est le moment où tu commences à être admiratif de mon courage sans limite.)

Le dentiste est arrivé, m'a écouté vaguement, m'a fait m'allonger, m'a torturé avec des aiguilles pour me mettre la dose d'anesthésiant, s'est étonné que je souffre autant à cause d'une si petite riquiqui carie (je t'avais dit que mon corps amplifiait la douleur) et m'a soigné sans que je geigne une seule fois (là normalement, tu es carrément en extase devant tant de bravoure).

Durant tout ce temps, ma fille a donné un nombre de coups incalculables, Amoureux a vu mon ventre se tordre dans les sens, elle n'avait jamais gigoté autant. Elle a bien pigé que c'était un truc difficile, et m'a montré son soutien indéfectible par le seul moyen qu'elle a de communiquer pour l'instant : gigoter.

Ou alors je l'ai fait paniqué avec mon stress, et j'ai sûrement traumatisé à vie ce pauvre petit être qui n'est pas encore né.

Bref.

Quoi que j'y fasse, je vis réellement un passage chez le dentiste comme une agression. J'ai été sonné après, je ne disais plus rien (Amoureux s'inquiétait vachement, faut dire que le silence n'est pas un état naturel chez moi), j'avais mal (forcément, il avait trifouillé dans ma bouche, ma bouche a mis plus de douze heures à s'en remettre.) J'ai fini par aller me coucher pour dormir un chouilla (à peine trois heures et demie).

Heureusement (et c'est là que je relativise), je squatte la maison familiale, ce qui aide considérablement mon moral.

Mes parents sont partis en vacances bien méritées, et je reste chez eux avec mon petit frère (ce qui l'oblige à sortir de sa chambre et communiquer avec des êtres humains. Dingue.)

J'aime bien parce que ça me donne un petit côté retour en enfance, rien que la maison me cocoone. Et paradoxalement ça me donne plus l'impression d'être adulte, parce que je me rends compte que je peux tenir une maison vachement bien rangée même si elle est plus grande que la mienne (chez moi j'ai souvent la flemme. Là c'est pas chez moi, alors je fais l'effort.)

Heureusement qu'il y a ça, parce que mes nausées ont empirées (hier par exemple, je n'ai absolument RIEN garder de ce que j'ai mangé), et que début de semaine, je me suis ouvert le doigt en voulant prendre ma brosse à dent dans ma trousse de toilette (#JaimeLeDanger) et que le rasoir d'Amoureux m'a sauvagement attaqué.

Comme tu peux le constater, cette semaine fut diablement palpitante. Il fallait donc que je te la raconte. Et encore ce n'est pas fini. Ce soir je vais avec mon frère chez ma mamie.

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