20 Juillet 2017
Parce qu'accepter de pardonner, c'est accepter sa propre imperfection.
Je m'explique : les gens intransigeants, qui refusent de laisser passer la moindre erreur, sont bien souvent soit des malades du contrôle, soit des personnes avec un ego surdimensionné.
Les deux vont parfois bien ensemble.
En parlant d'ego surdimensionné, le mien va très bien merci. Je dis ça parce que je me rends compte que l'enchaînement va être légèrement prétentieux.
Mais bon, soyons honnête, si je pardonne facilement, c'est simplement parce que mon cerveau préfère garder les bons côtés plutôt que de se torturer. Je n'ai rien contre le masochisme, mais je préfère le regarder de loin en lui faisant coucou que de le pratiquer quotidiennement.
Et si je pardonne facilement, c'est aussi parce que, comme je viens de le dire, je me rends bien que je ne suis pas parfaite. J'ai bien conscience que moi aussi des fois, je fais du caca, et que je n'ai pas fait exprès, et qu'il faut qu'on me pardonne.
J'ai estimé durant des années que l'on peut pardonner une personne, peu importe la gravité de son acte, si deux conditions sont réunies :
-Elle n'a pas prémédité la saloperie qu'elle a fait (c'est à dire qu'elle ne s'attendait pas à ce que ça arrive, et/ou aux conséquences que ça aurait).
-Elle s'en veut à un point inimaginable, et se remet en question grandement. ("Mais pourquoi j'ai fait ça ? Suis-je vraiment quelqu'un d'abominable ? #autoflagellation oh coucou le masochisme !")
Ces deux points sont d'une importance capitale avant d'accorder son pardon. D'abord, parce que si la personne voulait te faire souffrir à ce point, il faut s'interroger sur la relation que tu as créé avec elle... On ne peut pas vouloir aimer quelqu'un qui nous veut du mal. (Non je te jure, il ne faut pas.)
Ensuite, parce que la culpabilité de l'acte prouve que la personne justement t'aime. On se fiche du malheur des inconnus (un peu quand même.) Je trouve d'ailleurs la vengeance sans intérêt, j'estime que la culpabilité est une pénitence suffisante.
Il faut bien admettre que j'ai pardonné un tas de trucs à un tas de gens du coup.
D'ailleurs, même en cas de grosse vacherie (on ne se parle plus, c'est fini), je ne garde pas de rancoeur envers les gens. (Mais ça ce n'est que par flemme : la haine demande beaucoup plus d'énergie que l'ignorance.) Il est arrivé que d'anciennes relations me contactent récemment... Sans redevenir les meilleurs amis du monde, j'irais boire un thé avec eux si l'occasion se présente.
J'ai du malgré tout rajouter une troisième condition pour pardonner.
-Il ne faut pas ça que arrive de façon récurrente.
Comme on dit, la première fois était une erreur, la seconde, tu l'as fait exprès.
Mais comme je suis un peu bête (je dégonfle mon ego), il aura fallu que certaines personnes que je connais me blessent plus d'une dizaine de fois avant que j'arrive à cette conclusion (je suis une optimiste.)
On pourrait presque croire que c'est facile, de pardonner. Pour certains, ça l'est autant que de s'excuser et d'admettre ses tords (donc pas tant que ça.) Pourtant chacun a une limite, qu'il ne faut pas dépasser.
Si l'on inclue d'autres personnes que j'aime...
Là, ça devient une autre histoire, et mes beaux principes volent en éclat. La culpabilité de l'autre sera bien dérisoire.
Mais gérer sa propre peine me semble plus facile que gérer celle de ceux qu'on aime.